Pudeur et Petite Chaise
Je ne suis pas quelqu’un de particulièrement pudique .. Non que je montre mon corps à tout va, non que je sois particulièrement fière de lui, mais devoir me déshabiller devant un médecin, par exemple, ne me provoque à priori pas d’importante gène… par contre la nudité (du ver) soulève toujours chez moi des tas de questions existentielles.
Chez la gynéco, par exemple. Après les traditionnelles questions, viens la phrase tant redoutée :
« Vous pouvez maintenant passer derrière le paravent et vous déshabiller »
Point. Pas plus de précisions.
Et là derrière mon paravent, seule, accompagnée seulement par la fidèle petite chaise, (y’a toujours des petites chaises derrière les paravents et je songe à chaque fois au nombre de culs nuls qui sont venus s’asseoir dessus) , je plonge dans un abîme de perplexité.
Ok je me déshabille .. mais j’enlève quoi ? Je suis chez la gynéco, je suppose donc fort justement que je dois enlever le bas. Mais le haut ? Va-t-elle procéder à une palpation des seins ? Je tente de me rappeler la dernière visite .. impossible, le mono neurone n’a pas retenu ce détail pourtant si important. Je le maudis intérieurement et ose lancer la question derrière mon paravent. Une voix absorbée me répond « oui, oui tout » .. ok, un problème de résolu. J’enlève tout. Je pose délicatement mes affaires sur la petite chaise. Je suis complètement nue… sauf les pieds .. et mes chaussettes ? je les enlève mes chaussettes ? parce que elle m’a dit complètement .. mais pour un examen de ce type, peu importe si j’ai les pieds nus ou pas. Cependant, il faut bien le dire, nue avec les chaussettes, c’est le comble du ridicule. Je n’ose cette fois ci, poser la question de peur de passer pour une débile profonde. Après tergiversations avec moi-même, je prends la grande décision de retirer mes chaussettes... plus classe, je trouve.
J’ai testé une autre mise en situation pas plus tard que ce matin. Le radiologue. Je rentre dans une toute petite pièce pourvue seulement de la maintenant célèbre petite chaise. Et de deux portes .. une pour entrer, une pour sortir de l’autre coté. Le radiologue me lance précipitamment un « enlevertoutlehautlesbijouxvousètesencienteonviendravouschercher » je crois comprendre qu’il me pose la question d’une éventuelle grossesse, je réponds bien vite par la négative, le monsieur me semblant très pressé. Il claque la porte de sortie et me laisse… désemparée.
Il m’a dit quoi ?!! Je commence par vérifier les portes .. un badaud égaré pourrait il prendre la pièce à la petite chaise pour une salle d’attente ? non, c’est fermé à clef… ouf .. Bon je crois avoir perçu dans la mono phrase quelque chose que je décrypte comme « enlever le haut ». Je m’exécute .. le soutien gorge aussi ? faut l’enlever le soutien gorge ? .. comme je n’ose pas ouvrir la porte de sortie que je pressens aussi sacrée que celle de Fort Boyard, je tente une réflexion intense. Il a pris la peine malgré son empressement d’ajouter le mot « tout » à sa monophrase, ce qui suppose que tout, c’est Tout… j’enlève donc le soutien gorge et me retrouve seulement pourvue de mon jean et mes chaussures à talon…que j’ôte bien vite, me remémorant la classe attitude.
Je perçois à travers les cloisons les paroles d’un adjudant chef « Tournez doucement.. doucement.. DOUCEMENT j’ai dit !!! » En fait, ne voyant pas ce qu’un sous officier de l’armée de terre viendrai faire ici, je suppose qu’il s’agit du radiologue… oulàààà, il a pas l’air commode .. J’espère qu’il fallait bien enlever le soutien gorge .. Je ne voudrai pas non plus exacerber sa colère ou passer pour une fille légère cherchant le radiologue célibataire... Je suis mariée moi !!! Je me regarde .. dois je cacher ma poitrine avec mes bras et prendre un air de jeune fille effarouchée lorsque je rentre dans la pièce ? L’adjudant gueule toujours. Je m’entraîne dans le miroir… ni trop, ni trop peu .. un peu à gauche .. pas trop à droite .. légèrement relevé ..
Et puis non !!! je laisse retomber mes bras si savamment arrangés.
Je ne dois pas être la seule à passer par ici. L’adjudant chef radiologue doit en voir passer des femmes : des maigres, des grosses, des vieilles, des jolies et moins jolies .. oui … je m’en fous ! Je me baladerai le seins à l’air, les mains dans les poches (oui j’ai encore mon pantalon) .. car, il ne faut quand même pas l’oublier, je ne suis pas pudique ..
Bulle